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Désynchronisation ?

Par Nicolas de ZALUSKI

Secrétaire Général

Le mois de septembre 2024 a mis en lumière une tendance marquante : la désynchronisation croissante entre les grandes zones économiques mondiales. Alors que les banques centrales adoptent des approches de plus en plus divergentes face à des dynamiques économiques contrastées, cette fragmentation complique la lecture des marchés et rend la gestion des portefeuilles plus exigeante.

En effet, aux Etats-Unis, la Réserve Fédérale a adopté une politique monétaire proactive. En réduisant ses taux de 50 points de base, elle vise à stabiliser une économie qui montre des signes de ralentissement, mais sans céder aux craintes d’une récession brutale. Les indicateurs macroéconomiques reflètent plutôt une économie en transition : bien que le moral des entreprises et des ménages soit en baisse, la création d’emploi, la consommation des ménages et la profitabilité des entreprises restent solides. La croissance du 3ème trimestre devrait ainsi confirmer la perspective d’un « atterrissage en douceur » de l’économie américaine.

En revanche, en Zone €uro, la situation est bien plus préoccupante. Les signaux d’alarme se multiplient, tant sur le plan de l’activité que de l’inflation. La Banque Centrale Européenne, bien qu’ayant abaissé ses taux de 25 points de base, reste réticente à engager une détente monétaire plus significative. Ce contraste avec l’approche de la FED est frappant. L’Europe, déstabilisée notamment par la France et par l’Allemagne, fait face à des défis structurels majeurs : une consommation intérieure morose, un marché de l’emploi en ralentissement et des incertitudes politiques qui pèsent sur l’investissement. La croissance de la Zone €uro est désormais attendue à seulement 0,6% en 2024, avec des perspectives à moyen terme peu reluisantes. Cette déconnexion croissante entre la politique monétaire et les réalités économiques risque de freiner encore davantage la reprise en Europe.

De l’autre côté du globe, la Chine montre une toute autre dynamique. Face aux risques croissants de déflation et à une faiblesse persistante de ses indicateurs, les autorités chinoises ont pris des mesures de relance d’une ampleur inédite depuis 2008. Ce plan de soutien concerté, combinant mesures monétaires, budgétaires et financières, vise à stimuler la croissance, en dépit des vents contraires. L’impact sur les marchés a été immédiat : les actions chinoises ont ainsi bondi de près de 24% en septembre. Cette divergence entre la Chine, qui opte pour un soutien massif de son économie, et l’Europe, plus réticente à l’assouplissement, renforce l’idée d’un découplage croissant entre les grandes puissances économiques mondiales.

Cette désynchronisation des politiques monétaires et des cycles économiques commence à se répercuter sur les marchés financiers. Les actions mondiales poursuivent leur progression, soutenues par l’attitude proactive de la FED et les mesures de relance en Chine, mais les marchés européens restent à la traîne. Le MSCI Monde affiche une hausse de 2,2% en septembre, alors que le CAC 40 ne progresse que de 0,1%. L’euro, en revanche, devrait continuer de s’apprécier face au dollar, profitant de la prudence relative de la BCE à baisser davantage ses taux, mais cette dynamique pourrait accentuer les pressions sur les exportateurs européens déjà affaiblis par une demande intérieure en berne.

Par ailleurs, les marchés des matières premières reflètent également cette fragmentation économique. Le prix du pétrole chute lorsque la croissance économique se dégrade et progresse avec les tensions géopolitiques. L’or, en revanche, a franchi de nouveaux sommets, bénéficiant de la baisse des taux réels et de l’affaiblissement du dollar. Ces évolutions contrastées montrent bien que l’environnement macroéconomique mondial reste soumis à des forces contradictoires, rendant les anticipations de marché plus complexes. Dans ce contexte, la désynchronisation des politiques monétaires et des dynamiques économiques entre les Etats-Unis, l’Europe et la Chine ainsi que l’issue de l’élection présidentielle américaine et les tensions géopolitiques nous amènent à aborder cette fin d’année 2024 avec une surveillance accrue.



Rédigé le 7 octobre 2024